Le pouce moteur de l’écriture.

Le pouce moteur de l’écriture.

Au cours des bilans graphomoteurs effectués au cabinet, je constate que de plus en plus nombreux sont les enfants à avoir des difficultés à mouvoir leur pouce. Pourtant, les mouvements d’abduction et d’adduction permettent au pouce de réaliser l’opposition, mouvement de pince essentiel à la préhension.

Mouvements de préhension ou d’opposition du pouce

L’incroyable pouvoir du pouce.

La main est l’organe qui s’est développé le plus au cours de l’évolution de l’être humain. Pollex, en latin, en est le premier doigt. Notre pouce, alors que nos autres doigts en comptent trois, se compose de deux phalanges qui s’articulent avec le premier métacarpien. Il est plus long et plus fort que celui de nos cousins les primates disposant également d’un pouce opposable aux autres doigts.

Les mouvements de flexion et d’extension du pouce sont assurés par des muscles intrinsèques et extrinsèques qui se situent dans la main et permettent leurs mouvements précis. Les muscles intrinsèques sont le court abducteur, l’adducteur et le court fléchisseur. Les muscles extrinsèques sont le long et court extenseur du pouce dans l’avant-bras.

Et c’est la mobilité de l’articulation métacarpo-phalangienne du pouce et sa capacité à se placer en opposition aux autres doigts, soit pulpe contre pulpe, qui permettent à la main la préhension.

Et l’écriture alors…

L’écriture est réalisée par un mouvement des doigts. Le crayon est tenu entre le pouce et le majeur. C’est la flexion du pouce qui va permettre d’effectuer les mouvements de haut en bas du crayon sur la feuille.

Mauvaise tenue du crayon

Combinés au mouvement latéral du bras, ces mouvements de haut en bas vont permettre de tracer toutes les formes de base de la cursive. Le pouce est donc le moteur de l’écriture.

Mais chez les enfants dont la motricité des doigts n’est pas suffisamment développée, c’est le poignet qui est utilisé pour écrire. Le tracé des lettres est alors plus grand et moins précis. Le mouvement est également plus lent et des douleurs voire des tensions musculaires peuvent remonter dans le bras et jusque dans l’épaule. Le poignet offre donc un contrôle de la trajectoire du crayon moins efficace. 

De plus, une mauvaise tenue engendre une crispation musculaire qui entrave l’écriture et fatigue l’enfant. La mobilité du pouce permet donc à la main d’écrire plus facilement et de gagner non seulement en précision mais aussi en vitesse.

Le réflexe d’agrippement

Le réflexe d’agrippement ou grasping est visible chez un bébé lorsque vous introduisez à la base de ses doigts, face palmaire, un doigt ou un objet et que l’enfant l’agrippe de tous ses doigts. Vous pouviez alors soulever l’enfant juste à la force de son agrippement bilatéral. 

Ce réflexe influence l’évolution de l’ensemble de la coordination motrice globale de la main, de l’agrippement et du maintien d’objets, de la manipulation d’objets plus gros et, plus tard, de la coordination motrice fine des doigts pour l’écriture, le dessin, la musique, la broderie, etc.

Un réflexe de grasping non intégré va affecter les compétences de graphie (écriture), de préhension (attraper) et de manipulation. Souvent l’enfant aura des tensions ou de la lenteur à l’écriture. Ces tensions (non consciente) peuvent faire qu’il rejette les activités d’écriture ou de dessin. 

En effet, pour reprendre l’image donnée par Célia Cheynel, un réflexe primordial mal intégré, est comme un petit caillou dans la chaussure… On a beau savoir marcher, on ne le fait pas gracieusement lorsqu’il est présent. Il devient même gênant au point qu’on finit par ne plus vouloir marcher… 

Quelques activités ludiques

Pour y remédier, et afin de tonifier les muscles des doigts, on peut proposer à l’enfant de petites activités de motricité fine qu’il lui suffit de faire quotidiennement comme la pate à modeler (boule ou boudin à faire sur la table), le froissage de papier, les jeux de billes, d’osselets, les scoubidous ou les jeux de ficelles, le massage des mains, la poterie… soit toutes les activités qui mettent en jeu la paume de la main pour permettre l’intégration du réflexe de Grasping.

Froissage de papier, jeux de billes, d’osselets, scoubidous, jeux de ficelles, massage des mains, poterie toutes les activités sont bonnes pour faire travailler le pouce !

Voir : https://www.bougetaplume.fr/affichette-reflexe-de-grasping.php

Sans oublier … le Gribouillage qui permet outre le plaisir, l’essai de plusieurs outils scripteurs (feutres, crayons de couleurs, craies grasses…) et le relâchement de bien mettre en mouvement le bras et l’avant-bras, de faire glisser la main sur la feuille.

Je vous conseille outres les ouvrages de Hervé Tullet, son blog truffé d’idées colorées et enjouées : https://www.herve-tullet.com

… et le coloriage aux nombreux bienfaits sur lesquels nous reviendrons ultérieurement dans un autre article.