Harcèlement scolaire et difficultés d’écriture manuscrite : une relation complexe à explorer

Le harcèlement scolaire est une réalité qui affecte profondément de nombreux enfants, impactant leur bien-être émotionnel, leur confiance en eux et leurs capacités d’apprentissage.

Toutefois, un aspect souvent négligé est la manière dont le harcèlement peut directement influencer des compétences spécifiques, telles que l’apprentissage de l’écriture manuscrite. Dans cet article, nous explorerons comment le harcèlement scolaire peut créer ou aggraver des difficultés d’écriture et ce que cela signifie pour l’accompagnement éducatif et psychologique des enfants.

Harcèlement scolaire et stress : une barrière à l’apprentissage de l’écriture

L’écriture manuscrite exige une attention soutenue, une aisance physique, une paix psychique et ou émotionnelle. Or, le harcèlement scolaire génère un stress intense et constant pour l’enfant victime, entraînant des répercussions psychologiques, des gestes maladroits, des tensions dans la main ou le poignet, une fatigue accrue lors des séances d’écriture, une perte de confiance qui affectent ses apprentissages. En effet, le stress causé par le harcèlement scolaire a des effets directs sur la motrice fine, la concentration et la coordination des gestes, éléments essentiels à l’apprentissage de l’écriture. En situation de stress chronique, le cerveau priorise les mécanismes de survie, délaissant les fonctions cognitives et motrices non prioritaires. 

Un enfant harcelé peut ainsi montrer : 

– Une difficulté accrue à tenir son crayon correctement. 

– Des mouvements crispés, entraînant une écriture saccadée ou illisible. 

– Un manque de fluidité dans les gestes d’écriture, lié à une rigidité musculaire provoquée par l’anxiété. 

Ce cercle vicieux se renforce lorsque les difficultés d’écriture deviennent une source supplémentaire de moqueries ou de frustration pour l’enfant, aggravant son mal-être. 

Manque de confiance en soi et découragement face à l’apprentissage de l’écriture

L’écriture manuscrite est une activité complexe, qui requiert non seulement des compétences techniques mais aussi une confiance en soi suffisante pour affronter les éventuelles erreurs. Or, le harcèlement érode l’estime de soi des enfants, les rendant plus hésitants et moins persévérants face à l’apprentissage de nouveaux gestes ou techniques. 

En effet, les enfants victimes de harcèlement ressentent souvent un sentiment d’infériorité et un manque de confiance en leurs capacités. Ce déficit d’estime de soi peut conduire à l’évitement des activités qui demandent de l’engagement, comme l’apprentissage de l’écriture. L’enfant peut alors s’isoler ou se montrer réticent à pratiquer cette compétence, redoutant le jugement des autres, la peur de ne pas être « à la hauteur », de l’échec ou des moqueries. Cette auto-censure entrave sa progression et peut engendrer un retard dans la maîtrise des bases de l’écriture, créant un cercle vicieux où l’échec renforce le sentiment d’inadéquation.

Leur écriture peut aussi devenir un moyen inconscient d’exprimer leur mal-être, souvent sous la forme d’un manque de soin ou d’un refus d’écrire. 

L’impact des troubles émotionnels sur l’écriture

Les enfants victimes de harcèlement scolaire développent fréquemment des troubles émotionnels qui affectent leur concentration, leur mémoire de travail et leur capacité à suivre des consignes complexes. Or, l’écriture manuscrite demande non seulement une bonne mémoire de travail (pour se souvenir de la forme des lettres, de leur ordre et des règles d’espacement) mais aussi de la concentration et de la persévérance. Le harcèlement peut altérer cette capacité d’attention, poussant l’enfant à se décourager rapidement et à produire une écriture irrégulière, avec des lettres mal formées et peu soignées.

Isolement social et manque de soutien : des freins supplémentaires

Le soutien social des pairs et des enseignants est essentiel dans l’apprentissage. Or, les enfants harcelés se retrouvent souvent isolés, sans réseau de soutien adéquat pour les encourager et les aider à progresser. Ce manque d’encouragement peut renforcer leurs difficultés et accentuer leur réticence à persévérer face aux obstacles de l’écriture. En outre, l’isolement social peut priver l’enfant des jeux de motricité fine ou d’activités ludiques qui, dans un cadre collectif, facilitent indirectement le développement des compétences nécessaires pour écrire correctement.

Identifier les signaux d’alerte

Les enseignants et les parents peuvent jouer un rôle clé en repérant les signes qui indiquent un lien possible entre harcèlement et difficultés d’écriture : 

  1. Changements soudains : une régression dans la qualité de l’écriture ou un refus inexpliqué de participer aux activités scolaires.
  2. Crispations physiques : un enfant qui serre trop fort son crayon ou adopte une posture rigide.
  3. Fatigue anormale : des plaintes fréquentes de douleurs au poignet ou des temps d’écriture prolongés.
  4. Démotivation générale : une perte d’intérêt pour les apprentissages.

Solutions : un accompagnement adapté pour allier bien-être et apprentissage

Pour aider les enfants en difficulté, il est crucial d’établir un environnement sécurisant, bienveillant et stimulant pour redonner confiance à l’enfant, tout en travaillant sur ses difficultés d’écriture. 

1. Un accompagnement émotionnel :

Aider l’enfant à identifier, à exprimer et à apprivoiser ses émotions est crucial. Des exercices basés sur la respiration, des activités artistiques ou encore des ateliers de gestion des émotions sont des outils précieux pour réduire le stress et encourager un apprentissage en toute sérénité.

Instaurer un dialogue ouvert pour l’aider à mettre des mots sur son expérience. 

2. Des ateliers de graphothérapie

La graphothérapie, qui combine exercices moteurs et plaisir d’écrire, peut être un excellent moyen de travailler à la fois la motricité fine et l’estime de soi. À travers des exercices ludiques et progressifs, l’enfant réapprend à écrire dans un cadre bienveillant. Des activités de motricité fine, des jeux avec de la pâte à modeler, des exercices de coloriage ou encore des ateliers de grapho-cuisine peuvent renforcer leur dextérité tout en restant ludiques.

3. Encourager l’expression et la créativité par l’écriture :

Créer un contexte où l’écriture devient un moyen d’expression personnelle peut donner envie à l’enfant d’écrire davantage. Des ateliers où il peut rédiger des histoires, dessiner, ou simplement s’exprimer sans crainte de jugement permettent de rétablir une relation positive avec l’écriture.

Reconstruire par l’écriture

L’écriture manuscrite peut devenir un levier de reconstruction pour les enfants harcelés. Lorsqu’ils se sentent soutenus et encouragés, ils retrouvent peu à peu confiance en leurs capacités et en eux-mêmes. En redonnant du sens à cet apprentissage, on leur offre une opportunité de transformer une difficulté en une force. 

Pour prévenir et agir face au harcèlement scolaire, il est essentiel de reconnaître l’impact de ce dernier sur l’écriture et, plus largement, sur les apprentissages. En tant qu’éducateurs, parents ou thérapeutes, nous avons la responsabilité de créer un cadre où chaque enfant se sent valorisé et en sécurité. 

Et vous ? Avez-vous déjà observé ce lien entre harcèlement et difficultés d’écriture ? Partagez vos expériences et vos idées en commentaire ! 

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